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Les
Hébreux cultivèrent la vigne, les Grecs et les Romains
surent faire le vin.
Ces
vins étaient traités d'une manière particulière :
cuits au feu de bois, puis additionnés d'aromates
(fruits ou fleurs) ou mélangés à des substances
destinées à leur assurer une plus longue conservation
(poix, résine, miel...).
En Gaule le vin était connu avant la conquête Romaine,
de nouveaux cépages avaient été introduits par les
Grecs en Provence; l'occupation Romaine allait permettre
à la vigne de s'étendre sur toute la côte méditerranéenne
puis dans l'arrière pays. (Vallée du Rhône).
L'essor du vin est alors lié
à la propagation du Christianisme. Chaque monastère
s'entoure d'un enclos où il récolte son vin de messe
et les évêques encouragent la vigne.
Nombre de crus fameux en France sont encore groupés
autour d'anciens monastères.
La consommation de vin se généralise en France
et son commerce devient florissant. Sous l'influence des
négociants, la vigne gagne l'ouest, Narbonne, Gaillac,
Bordeaux, d'où les vins sont expédiés vers le Nord et
l'Angleterre. Puis se constituent les vignobles de
Charente, de l'Anjou, de l'Île de France, de la
Champagne et de l'Alsace. Ces lieux d'implantation de la
vigne ne sont pas étrangers à la proximité de la mer
ou d'un grand cours d'eau. En effet il fallait pouvoir
faire du commerce, donc faire voyager le vin. Le seul
moyen de l'époque était le transport soit fluvial soit
maritime.
Avant de remonter le Dropt, parlons de Bordeaux,
baptisée Capitale Mondiale du vin. Depuis près de 2000
ans les Bordelais soignent la vigne, font du vin, le dégustent,
le vendent et l'expédient. Depuis plus d'un millénaire
Bordeaux est aussi un grand port. Son nom défini bien
sa fonction : "Au bord de l'eau". Les romains
l'appelaient BURDIGALA.
Bordeaux est situé au cœur d'un vaste vignoble,
mais c'est la Gironde, véritable entonnoir, qui
permettait en plus de recevoir tous les vins des bassins
de la Garonne et de la Dordogne; on les appelait les
"Vins du Haut Pays". Quelque fut leur origine
ils passaient "Quai des Chartrons" où
marchands et acheteurs faisaient leurs affaires. (Chatrons
vient de Chartreux, ancien monastère de cet ordre situé
à cet endroit).
Étant donné les difficultés et le prix des transports
ce furent les autres villes portuaires de l'Europe
occidentale qui furent les premières à importer les
produits de la vigne. (Angleterre, Belgique, Hollande et
Nord de la France). C'est l'Angleterre qui adopta le vin
avec le plus d'enthousiasme et qui recourut à des
mesures extrêmes pour en recevoir le plus possible.
Les tribulations matrimoniales d'Éléonore
d'Aquitaine qui épousa en seconde noce Henri PLANTAGENÊT
qui devint Roi d'Angleterre en 1154, permis aux
Bordelais d'obtenir une chartre les autorisant à gérer
eux-mêmes leurs propres affaires et leur permettant d'être
exemptés d'impôts et règlements restrictifs auxquels
les autres pays du Royaume étaient soumis. En parenthèse
à signaler en 1199, Saint-émilion qui bénéficie lui
aussi d'un régime particulier; puis en 1255, c'est au
tour de Bergerac qui, se soumettant au Roi d'Angleterre
Henri III obtient la libre circulation des vins sur la
Dordogne jusqu'à son embouchure.
Vers le milieu du XIVème siècle le
vin occupe une place prépondérante dans les
exploitations de Bordeaux et les Anglais comprennent
vite qu'en facilitant le commerce des vins ils servent
avant tout leurs propres intérêts. En 1530 Bordeaux
exporta, en barriques, l'équivalent de 1 000 000 de
caisses d'aujourd'hui vers l'Angleterre, Le Havre mais
aussi en direction d'Amsterdam. Les Hollandais
revendaient ensuite du Bordeaux à l'Allemagne et à la Scandinavie.
Au cours de la Guerre de Cent Ans, les bourgeois
de Bordeaux prirent partie pour les Anglais dont la
domination assurait leurs privilèges. La victoire des
Français à Castillon renverra l'Aquitaine sous la
"Fleur de Lys".
Les exportations vers l'Angleterre cessèrent
mais à l'avènement de Louis XI les Bordelais se virent
restituer leurs privilèges.
Les deux siècles suivants, furent marqués par
une expansion du commerce du vin particulièrement avec
les Hollandais dont la puissance maritime était supérieure
à celle des Anglais.
Chaque mois d'Octobre des centaines de bateaux
Hollandais embarquaient "Le Clairet" à
consommer durant l'hiver ou à revendre au printemps
suivant. Ils embarquaient aussi depuis le port de
Libourne les barriques de vin de Bergerac ainsi que la
"liqueur" autrement dit le Monbazillac.
La fin du règne de Louis XIV et le règne de
Louis XV furent la belle époque pour la ville de
Bordeaux. Haut Biron, Lafite, Latour à partir de 1697
étaient connus à Londres sous le nom de "NEW
FRENCH CLARET".
La bouteille de verre soufflée et le bouchon de
liège assurant une meilleure conservation, ouvrirent de
nouveaux marchés (Amérique, Inde, Antilles, Canada).
La première verrerie du Bordelais fut fondée en 1723
et dès 1790 la production s'éleva à 2 000 000 de
bouteilles par an.
La révolution et l'Empire firent le malheur des
Bordelais en fermant le marché traditionnel avec
l'Angleterre. Comble de l'affront, Napoléon préférait
le Chambertin et autre Clos Vougeot au Bordeaux !!!
Napoléon rendu à Sainte Hélène, le commerce
reprit avec l'Angleterre jusqu'à la moitié du XIXéme
siècle.
Cette période de prospérité fut brisée par le
phylloxera (un pou rongeur de racine) répandu sur le
territoire américain. Pourtant depuis 1630, l'Europe
importait des pieds de vigne d'Amérique. La maladie
logiquement aurait dû apparaître depuis longtemps...
La seule hypothèse crédible serait que, avant l'avènement
de la machine à vapeur les trajets Atlantiques étaient
très longs et le parasite périssait en route. Les
ravages du phylloxera se poursuivirent jusqu'aux environ
de 1890. Tout le vignoble français fut pratiquement anéanti.
C'est seulement après la première guerre mondiale que
le vignoble put réellement être reconstitué.
S'il a été tourné quelques pages de l'histoire
de Bordeaux, c'est pour en arriver à Eymet et ses
environs qui produisent eux aussi, depuis belle lurette
du vin et qui longtemps fut acheminé vers les négociants
Bordelais, par le Dropt qui va devenir vraiment
navigable sous l'Empire d'Eymet à la Garonne. Quai de
la Navigation les barriques remplies des vins "du
Haut Pays" étaient chargées sur les gabares
jusqu'aux chais Bordelais. Ce trafic fluvial fut ensuite
remplacé par le chemin de fer et, la gare de
marchandises d'Eymet, aujourd'hui salle polyvalente, a
vu rouler bon nombre de fûts du "sang de nos
vignes".
Les temps ont changé mais Eymet et son canton
produisent toujours du vin. Combien, Comment ?
Allons
faire un tour sur nos coteaux...
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